Si les Terrains d’Aventures avaient disparu en France, ils existent toujours dans d’autres pays européens. En Suisse, les 9 Terrains d’Aventures de l’agglomération de Genève, gérés par des associations d’habitant·es, ont su devenir de véritables structures voire des équipements socioculturels incontournables.

« Le Terrain d’Aventures est d’abord une alternative aux squares et aux jardins qui sont des espaces réalisés par les adultes pour les enfants. Le Terrain d’Aventures permet aux enfants de construire avec les adultes leur propre espace ! » Les petits pierrots, ancien terrain d’aventures parisien.

Depuis 3-4 ans, les CEMÉA ont relancé les Terrains d’Aventures en pays de la Loire. Contrairement aux Jardins Robinson et aux Terrains d’Aventures suisses, les expérimentations françaises sont souvent éphémères. Les CEMÉA s’allient à des structures socioculturelles implantées pour transformer un jardin public au cœur d’un quartier en Terrains d’Aventures, le temps d’un été.

A Annecy, le Cri de l’œuf souhaite accompagner l’émergence d’un Terrain d’Aventures. Nous avons pu l’expérimenter fin août à Fermaculture et aux vacances d’Automne aux Creusettes. En images, un Terrain d’Aventures, ça donne ça :

Un projet de recherche TAPLA (des Terrains d’Aventure du passé/pour l’avenir) vise à accompagner l’émergence de nouveaux Terrains d’Aventures tout en analysant ce qui s’y passe selon 3 axes : le pouvoir d’agir et la prise d’autonomie, la co-construction des espaces éducatifs et la fabrication de l’espace : Fabriquer en jouant / jouer en fabricant.

Crédit : Archives nationales de la Fédération nationale des terrains d’aventure

« Un terrain d’aventures c’est un village de jeux et de constructions permanent en milieu urbain, qui va évoluer avec le temps, en fonction des besoins, des désirs, des nécessités aussi. C’est un lieu d’accueil libre, ce qui signifie sans inscription et qui donne la liberté à l’enfant de venir idéalement lorsqu’il le souhaite. » CEMÉA Pays de la Loire

L’objectif est donc de proposer aux enfants « un espace collectif d’expression créatrice et motrice, d’appropriation de l’espace public, où à travers les activités de construction de cabanes, jeux, jardins, etc., les enfants pourront développer des notions de respect de l’environnement, de socialisation, de citoyenneté, de solidarité et d’autonomie. »

D’après Joëlle Libois, directrice de la Haute école du travail social de Genève (HETS) « l’Accueil Libre est une pratique du travail social exigeante qui trouve son histoire avec l’apparition du temps libre. » (Collectif InteRob, collectif des salarié·es des Jardins Robinson suisses)

« L’Accueil Libre est une forme d’accueil qui se déroule dans un cadre défini et modulable, dont les professionnels sont les garants, et dans lequel les enfants et (ou) les adolescents peuvent venir faire l’expérience de la liberté. Ces derniers ont la possibilité de s’approprier leur temps libre. Ils peuvent en effet choisir à quel moment ils arrivent, quand ils repartent, ce qu’ils vont faire, avec qui et comment.

L’encouragement à l’autonomie, à la confiance en soi, à la solidarité, et au respect sont les valeurs essentielles de l’Accueil Libre. Le rôle des professionnels au sein de cet accueil est particulier, car adapté à chacun tout en garantissant le bon fonctionnement du groupe. Les animateurs mettent à disposition des participants des espaces dans lesquels les risques, toujours présents, sont évalués, laissant ainsi les enfants ou adolescents découvrir leurs propres ressources, capacités et limites.

L’Accueil Libre permet l’apprentissage de la vie en collectivité. » (Collectif InteRob)

Gilles Raveneau, professeur au département d’anthropologie de l’université Lumière Lyon 2 et codirecteur du programme de recherche TAPLA synthétise, dans un article de 2014, les spécificités d’un Terrain d’Aventures. Le Terrain d’Aventures est pour l’essentiel :

  1. Un espace vacant, une friche susceptible d’être appropriée de différentes manières, un espace informel, souple, transformable, suscitant des activités diverses (construire des cabanes, faire du feu, jouer avec l’eau, bricoler, jardiner, jouer, creuser, grimper, lire, bavarder, ou ne rien faire de particulier) ;
  2. Un espace qui accueille tous les enfants d’un environnement proche (quartier, ville) ;
  3. Un espace qui suscite des relations sociales entre les enfants (conflit, lutte, rivalité, association, coopération, aide, partage, etc.) et avec des adultes, à travers les animateurs et la présence/absence des parents : c’est un véritable laboratoire social ;
  4. Un lieu porté par un projet adulte vis-à-vis des enfants : ce projet hésite entre animation et action de prévention ;
  5. Un équipement réduit à sa plus simple expression. Il est très économique, nécessite peu d’installations et de maintenance. Il a un coût de fonctionnement faible, dont les trois quarts sont consacrés aux animateurs (souvent en sous-effectif au regard du nombre d’enfants accueillis) ;
  6. Une expérience portée par un courant pédagogique qui met les pédagogies nouvelles et l’enfant au centre.

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Un Terrain d’Aventures, c’est un équipement réduit à sa plus simple expression : une équipe d’animateur·trices au service d’une pédagogie où l’enfant exprime son opinion, propose, choisit, prend des responsabilités, décide de ce qui le concerne, porte un projet de A à Z, coopère avec les autres dans un environnement naturel qui permet à l’enfant de tisser un lien avec la nature.

Porté par un collectif expérimenté de professionnel·les de l’animation et du travail social, le projet d’ouvrir un Terrain d’Aventures sur Annecy fait son chemin. Portés par l’envie de proposer un accueil de loisirs hors du commun et en pleine nature, où l’enfant est acteur·rice, auteur·rice, producteur ou productrice de ses loisirs, nous souhaitons mettre nos expériences au service de ce projet de création d’un Terrain d’Aventures.

Partenariat

Les CEMÉA Rhône-Alpes sont également engagés dans le renouveau des Terrains d’Aventures avec deux projets sur Heyrieux et Pont de Claix. Ils sont impliqués dans ce projet : de sa conception à sa réalisation en passant par sa communication et bien entendu seront un partenaire pour l’aspect formation.

« Les CEMÉA (Centres d’Entrainement aux Méthodes d’Éducation Active) sont une association reconnue d’utilité publique, complémentaire de l’enseignement public, habilitée, agréée et subventionnée par les Ministères de l’Éducation Nationale, de la jeunesse et des sports et de la vie associative.

Elle met en œuvre les principes de l’éducation nouvelle par des méthodes d’éducation active. Les CEMÉA ont choisi la formation comme principal levier d’action pour transformer la société. »1

Le Cri de l’œuf rejoint les CEMÉA sur « une conception des activités éducatives et de ‘’l’agir’’ : partage et construction collective d’actions concrètes articulant mise en activité globale des personnes et maillage avec les environnements. La caractéristique de notre association, c’est qu’on agit tout le temps. »1

1 https://www.cemearhonealpes.org/les-cemea-rhone-alpes/

Le Cri de l’oeuf participera le 6 mars 2024 à une journée d’étude sur les terrains d’aventures en Mouvement en Auvergne Rhône-Alpes.

Pour plus d’informations

Merci de contacter Sandrine : 06 36 66 40 12 ou Victor : 06 86 82 46 20