Notre projet d’ouvrir un Terrain d’Aventures n’est pas isolé. Il est issu de deux collectifs :

  • Des CEMEA d’un côté qui, depuis 4 ans expérimentent les Terrains d’Aventures dans les Pays de la Loire en s’inspirant des expériences toujours actives en Allemagne, notamment.
  • D’un programme de recherche universitaire pluridisciplinaire sur le passé de ces Terrains d’Aventures avec l’objectif d’en faire émerger dans le futur.

Ces deux collectifs se sont rassemblés dans le cadre du projet Tapla et coopèrent désormais pour que les Terrains d’Aventures du Passé réémergent dans le Présent et pour l’Avenir ! Cet été plus de 20 Terrains d’Aventures ont ouverts !

Mais le programme de recherches Tapla a été précédé par un projet des Archives nationales qui viennent de publier Éducation populaire : engagement, médiation, transmission (XIXe-XXIe siècles), qui comporte deux articles relatifs aux terrains d’aventure :

Notre petite expérience de cet été à Fermaculture entre en résonance avec ce que Serge Gerbaud, ancien animateur de Terrain d’Aventures en 1972, explique dans l’entretien avec Gilles Raveneau. Beaucoup de similitudes avec ce que nous avons vécu que ce soit par rapport à la crainte des parents sur l’utilisation des outils ou l’irrésistible besoin des parents et des animateur·rices de remplir les journées des enfants, de les occuper, d’être force de proposition.

« […] Bref, les gamins faisaient ce qu’ils avaient envie de faire.

Et puis, plusieurs fois, souvent, les parents accompagnaient leurs gamins pour voir un peu ce qui se passait. J’ai vu des parents blêmes ; ils se demandaient : « Mais, attends, c’est quoi ? Vous laissez nos gamins jouer avec des clous et avec des marteaux ? Vous les laissez faire du feu, vous les laissez comme ça ? Vous ne les surveillez pas ? » « Eh bien non, on ne surveille pas. On est avec eux, on fait en sorte qu’il n’y ait pas de risque majeur. Néanmoins, on accompagne les idées qu’ils peuvent avoir, pour les mettre en place. »

[…] Il a fallu que les animateurs, qui étaient là, passent parfois plus de temps à essayer de convaincre les parents qu’à observer ce que faisaient les gamins ou à leur donner un coup de main. Les adultes étaient presque plus rétifs à cette pédagogie que les gamins qui étaient heureux de cela. En plus, le jardin en question avait, tout en bas – c’était un peu pentu –, un petit ruisseau, sur le bas du terrain, un petit filet d’eau de rien du tout, à partir duquel tu peux faire des tonnes de choses : des barrages, des moulins, tout ce que tu veux. Il y avait matière à inventer, s’exprimer, exploiter et expérimenter. « 


« Les terrains d’aventure dans les années 1970-1980, retour sur une expérience », par Gilles Raveneau et Serge Gerbaud : https://books.openedition.org/pan/4703

D’après Gilles Raveneau, un Terrain d’Aventures est « un lieu de vie enfantin idéal, propice à une adaptation de l’éducation des enfants, à un apprentissage de l’autonomie et de l’autodiscipline ».

C’est pour cela que les parents doivent avoir confiance en leur·s enfant·s quand ils viennent au Terrain d’Aventures.

L’autre article est également très intéressant par rapport au rôle des playworkers, c’est à dire les animateur·rices présent·es sur les Terrains d’Aventures et qui doivent être des facilitateurs et des facilitatrices du jeu libre de l’enfant.

Fraser Brown, explique à ses étudiant·es que « lorsque les enfants jouent, c’est la seule situation dans laquelle ils possèdent complètement le contrôle sur ce qui se passe. En effet, dans toute autre circonstance, un adulte décide des priorités et les impose aux enfants. Quand ils sont à l’école, ils sont toujours supervisés par des enseignants ou des professeurs qui suivent un programme. S’ils sont à l’hôpital, il y a également toujours un adulte qui impose le rythme et la procédure à suivre afin qu’ils aillent mieux. Même lorsqu’ils sont à la maison avec leurs parents, les enfants sont soumis aux priorités de leurs parents, à leurs objectifs. Lorsqu’ils jouent, c’est donc le seul moment où ils possèdent le contrôle. Ainsi, lorsqu’on travaille avec des enfants sur un terrain d’aventure, il est impératif de garder à l’esprit cette idée primordiale : les enfants conservent l’essentiel de la maîtrise de ce qui se passe. »


« Terrains d’aventure : théorie et pratique », par Fraser Brown : https://books.openedition.org/pan/4706

Je m’arrête là et vous invite à lire ces deux articles qui vous permettront de comprendre l’intérêt de redévelopper en France et plus spécifiquement à Annecy, un Terrain d’Aventures.

L’ensemble du livre est librement consultable et téléchargeable sur le site des Publications des Archives nationales à cette adresse : https://books.openedition.org/pan/4372